Un printemps à Hong-Kong 2021 streaming

Un jour, dans un parc de Hong Kong, Pak, un chauffeur de taxi dans la soixantaine, rencontre Hoi, un père célibataire à la retraite. Malgré les pressions sociales et personnelles, les deux sont fiers de ce qu'ils ont vigoureusement construit au fil des ans: une famille. Mais, tout au long du film, nous les voyons sortir furtivement de leurs maisons - et précisément de ces familles - pour être, ensemble et en liberté, qui ils sont vraiment, des homosexuels. Leur lien le plus intime, au-delà du sentiment, est donc le secret d'une vie.

Suk Suk, présenté à la dernière Berlinale entre autres, n'est pas le premier film de Ray Yeung et même pas une seule voix sur la scène cinématographique LGBT chinoise ou internationale, si l'on ne pense qu'à Lan Yu de Stanley Kwan et Happy Together de Wong Kar -wai dans le premier cas ou Brokeback Mountain dans le second.

Néanmoins, peut-être, il possède un record: celui d'être la première histoire racontée sur grand écran à dépeindre les moments simples et ordinaires d'une histoire d'amour, homosexuelle et entre personnes âgées, sans s'accrocher à des rebondissements manifestement mélodramatiques, des scénarios extravagants ou moments de larmes.

C'est une fresque délicate, honnête et tendre, tout comme le sentiment inattendu qui fait son chemin entre les cœurs des deux protagonistes. Des cœurs, paradoxalement jeunes, qui fuient et nient le cliché de la vieillesse comme dernière station d'arrivée où les émotions éclatantes et fiévreuses ne sont qu'un souvenir lointain et fané. S'il n'y avait pas eu quelques rides et cette peau un peu ridée par les années, Pak et Hoi auraient peut-être vingt ans. Ils se rencontrent et se retrouvent secrètement comme des enfants, ils se parlent avec des regards doux et éloquents, ils se caressent et se désirent comme s'ils découvraient leur corps pour la première fois.

Mais ils sont tout aussi enfantins dans leurs maisons respectives, ce qui ne semble pas être exactement le cas. Pak est marié depuis des décennies mais sa relation femme-mari conduit à une relation mère-enfant, faite de petits reproches, de communications étroites de service et, probablement, d'un accord tacite d'acceptation mutuelle, de non-amour. Des rituels, des dîners de famille, presque imposés, qui ne réunissent autour d'une table que des rôles pré-emballés et parfois renversés, censurant les personnalités de façade.