Priscilla 2024 streaming

Lorsque Priscilla Beaulieu a rencontré Elvis Presley, elle avait quatorze ans et n'était jamais sortie avec personne. Lui, en revanche, est la star du rock'n'roll, avec le monde et les femmes à ses pieds, mais il a récemment perdu sa mère, il a le mal du pays pour les États-Unis et se demande si ce monde se souviendra encore de lui un jour. c'est fini le service militaire. Le roi avoue sa vulnérabilité à la petite fille en talons, pose sa tête sur son épaule, la rappelle, l'invite à Graceland, l'épouse. Priscilla devient la princesse d'un conte de fées, mais dans cette histoire, son histoire, elle n'a pas son mot à dire.

Sofia Coppola apporte au cinéma l'autobiographie de la femme de Presley (écrite avec Sandra Harmon )) pour raconter la version de Priscilla, l'envers du disque d'or, qui comprend aussi les chapitres de solitude, de jalousie, le renoncement à l'autonomie minimale qui aurait découlé de l'exercice d'un travail, la demande - pas du tout réciproque - d'être toujours là pour lui, habillé et coiffé comme il l'entend, dans le respect de son époque, de ses passions passagères, volonté finale du Colonel qui lui fait office de manager et de démiurge.

Son histoire était restée dans l'ombre, éclipsée par l'icône éblouissante de son mari, et Coppola fait de cette ombre le trait stylistique du film : toujours un peu obscurcie d'un point de vue photographique, car Priscilla vit derrière les rideaux tirés, dans le privée de chambre, loin des décors, à l'intérieur de la voiture (et la seule fois où, en tant qu'enfant-petite amie, elle joue dans le jardin avec le chien, elle est immédiatement renvoyée dans la maison).

Elvis est tendre, amoureux et a besoin d'elle, mais Priscilla est toujours prisonnière de ce rêve et de cette époque : c'est la version de Sofia Coppola, qui relit le sujet de départ pour en faire l'histoire de l'émancipation féminine.

En adoptant un point de vue univoque, pourtant opposé au récit officiel, quelque chose reste inévitablement en dehors du tableau et c’est une absence qui pèse lourd.

En fait, si le réalisateur sait très bien ramener le spectateur dans le corps et l'esprit agité d'une jeune fille de quatorze ans (de toute époque), et raconter sa transformation en femme à travers l'utilisation du détail, c'est dommage que cela entraîne la réduction de la figure d'Elvis à celle d'un garçon un peu imbécile, long et dilué, finalement bon, mais capricieux et superficiel. Il n'y a quasiment aucune trace de sa musique, en raison de problèmes de droits.